C’était mieux avant, ce le sera encore plus après.

J’ai du mal à éclaircir mes pensées pour te parler. C’est comme si depuis plusieurs mois tu nous maintenais volontairement et violemment la tête sous l’eau. Je voulais te dire que nous sommes tous épuisés de devoir faire front, éreintés de ne pas comprendre, las de ta folie. Lorsque nous nous sommes rencontrées pour la première fois, j’étais à New-York. Cette soirée du 31 décembre 2019, je décidais de laisser symboliquement derrière moi une année entière d’incertitudes à propos de mes envies, à propos du futur et de mon incapacité notoire à m’y projeter. Je t’attendais avec impatience 2020 et j’ai aimé notre rencontre. Elle était remplie d’espoir et je n’avais plus de crainte. J’avais confiance en toi. C’est avec cette légèreté que j’ai plongé dans l’aventure de tes jours. J’étais si heureuse, je n’anticipais rien et je me contentais de savourer chaque instant de chaque journée. Nous avons voyagé ensemble 2020. Tu m’as guidée jusqu’au Costa Rica. C’était un rêve. Tu m’as appris à suivre mon intuition et je ne n’oublierai jamais le sentiment de liberté que j’ai ressenti en osant m’écouter. Tout était merveilleux, les rencontres, la nature paradisiaque, les chevaux lancés au galop sur ces plages immenses et désertes, le Pacifique à perte de vue, les couleurs flamboyantes du ciel tandis qu’il disait adieu au soleil. Tu étais le symbole du plaisir retrouvé, celui des choses simples de la vie. Et dans cette mouvance de bonheur, j’ai lâché prise, pour la première fois depuis longtemps.

Et puis, tout a changé.


Mais que s’est-il passé 2020 ? Tu as fracassé le cours de nos vies tant et tant de fois cette année. C’était si soudain. Cette torpeur est d’une violence sans nom. Tu sembles volontairement ne pas vouloir nous laisser reprendre notre souffle. Nous suffoquons 2020. Accablés, dévastés, anéantis. Trop de personnes hurlent leur souffrance la peur au ventre. Cette peur qui vibre jusque dans leur chair désormais. Excédés. Tiraillés entre le deuil de ces personnes arrachés à nos vies, le deuil de cette vie d’avant et peut-être même le deuil de ce futur heureux qui semble se dérober chaque jour un peu plus.
Je pense à toi « petit four« , à ce que tu représentais et au vide abyssal que tu laisses. Je pense à toi Baptiste, à ta résilience, ta force et ton courage. Vos sourires me manquent, la légèreté de votre présence, le bonheur de votre compagnie, la sagesse de vos paroles, le réconfort de ces moments blottis dans vos bras. Tu as fracassé tant de choses 2020…


Tu nous as enfermés. Durant cet enfermement certains se sont retrouvés livrés en pâture au néant de leur vie. Leur maison est leur cellule, la solitude leur geôlier. Et ils ne peuvent plus fuir ce qu’ils ont refoulé et enfoui toutes ces années. Mais personne n’est préparé à affronter la soudaineté d’une telle violence 2020. Tu as éveillé ou renforcé la crainte de l’autre. Pour survivre il fallait se cloitrer, se recroqueviller dans un coin, comme un chien. Tu nous as balancés dans une ère où plus on aime une personne, plus il faut la fuir pour la protéger. Tu nous culpabilises de nous aimer. Tu as détruit ce lien social déjà si distendu. Tu as brisé tant de rêves, de projets, de vies. Pourquoi ?


Je voulais que tu saches que nous sommes des amoureux de la vie 2020, nous voulons sortir, nous voulons rencontrer l’autre de nouveau, vivre sans se soucier, boire à outrance, danser jusqu’à l’épuisement, nous voulons voyager, travailler, entreprendre et aider. Nous voulons célébrer, profiter et nous réunir à nouveau. L’euphorie embrasse notre corps tout entier à cette idée. Et c’est peut-être là, au fond, la leçon que nous devons retenir de toi. Ne plus jamais perdre de vue que rien n’est acquis. Que nous sommes malgré tout forts et capables de nous adapter au pire. Que rien ne dure et surtout pas le malheur. Qu’il faut oublier d’avoir peur et s’autoriser à risquer. Qu’il faut chérir et honorer chaque instant de la vie, se réjouir des choses simples, de ces moments passés ensemble. Et surtout aimer, inconditionnellement aimer parce que rien ne nous rend plus vivant finalement.

J’étais si heureuse de te rencontrer 2020 mais je ne te retiens pas.

Alizée

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